La saison goémonière 2000 est lancée Didier Bellec vient d’arriver au port avec son chargement de goémon. C’est le patron de l’un des 25 bateaux qui déchargent à Lanildut. Ca y est, la saison goémonière 2000 est lancée. Hier matin, les bateaux se sont enfoncés dans la brume en direction des champs d’algues. A leur retour, la première journée semblait plutôt favorable, avec, semble-t-il, des algues de bonne qualité. Il était, toutefois, trop tôt, pour donner déjà une tendance, les professionnels se réservant jusqu’à la fin de la semaine. Une évolution radicale Du temps où l’iode était extraite du tali (laminaria digitata), cette récolte était effectuée par près de 2.000 récoltants. Lorsque le tali a commencé à servir à la production d’alginate et a été récolté par une méthode manuelle améliorée, le scoubidou à main, 400 récoltants étaient nécessaires. Aujourd’hui, avec le scoubidou hydraulique, 60 récoltants suffisent. Parmi ceux-ci on retrouve une population essentiellement masculine. Une femme s’est toutefois taillé une place au sein des goémoniers. Il s’agit de Laurence Gouzien. Agée d’une trentaine d’années, Laurence attaque sa troisième saison en tant que patron de pêche sur le Bugalé Vian, un goémonier armé de deux scoubidous. Son père, Marcel Gouzien, en est le matelot. Lui-même goémonier depuis trente-quatre ans, après avoir transmis l’attrait de la mer à sa fille, lui transmet, à présent, toutes les ficelles du métier. De la guillotine au scoubidou hydraulique Marcel Gouzien est l’un des plus anciens goémoniers de la région. Après avoir travaillé au goémon avec ses parents lorsqu’il était jeune, Marcel est entré dans la marine marchande où il a passé neuf ans. En 1666, il revient à la pêche et au goémon avec un bateau de pêche. Il récoltait alors le tali à la guillotine et le faisait sécher comme il était de mise à cette époque. Le goémon ne pouvait être, alors, qu’un revenu d’appoint. En 1976, Marcel a acquis le Jean Ogor, l’un des premiers goémonier avec scoubidou hydraulique. Si le travail était facilité, il n’en restait encore pas moins à faire sécher le goémon, ce qui n’était pas une mince affaire ! Il faudra attendre 1978 pour que les laminaires soient pris dans les usines non séchés. Des horaires lourds Si le métier n’est plus à proprement dit, physique, il est très lourd en matière d’horaire et nécessite de travailler dans le bruit des moteurs pendant près de dix heures auxquels il faut ajouter les trajets pour se rendre sur les champs d’algues, près d’une heure pour ceux de Molène, moins pour les côtiers.Si quelques anciens sont toujours présents dans la flotille goémonière, plusieurs jeunes du coin les ont rejoints ce qui est encourageant.

 

Pêche côtière par excellence, la pêche goémonière a depuis longtemps dépassé le stade de l'activité traditionnelle. Pratiquée jadis à la main, avec une faucille, elle est de nos jours le fait de petites unités, armées en général par un seul homme. Son outil principal, à côté de la connaissance nautique qui lui permet d'évoluer par très petits fonds, est le fameux "scoubidou" hydraulique, introduit à partir de 1971. Celui-ci est une sorte de crochet, semblable à un tire-bouchon. Placé à l'extrémité de la flèche d'une petite grue fixée sur le pont du navire, le scoubidou est plongé dans l'eau et en tournant auprès du fond, enroule les laminaires. Une fois les algues arrachées, le crochet est ramené au dessus de la cale où une rotation inverse permet de les décrocher. Pour Laminaria hyperborea, un autre engin, inspiré directement des techniques utilisées par les Norvégiens, est testé. Il s'agit d'une sorte de peigne tracté, qui sur un fond régulier, vient lui aussi arracher les algues par le stipe (tige).